Project Description

Badlands de L’ALBERTA

Nord de l’Alberta le long de la rivière Saskatchewan Nord près d’Edmonton


Stratigraphie du Crétacé supérieur; le problème de «Belly River»; charbons

travail sur le terrain par Joseph Tyrrell

LA SCIENCE

Au cours de la période pendant laquelle J.B. Tyrrell travailla à la Commission Géologique du Canada (CGC), les géologues employés par la CGC furent souvent envoyés vers de vastes régions, en grande partie inexplorées et inhabitées, pour y cartographier la géologie, cataloguer les ressources naturelles et déterminer le potentiel de la région pour la colonisation.

Pour accomplir ces tâches, les géologues de terrain devaient posséder un large éventail de compétences et de connaissances. Ils devaient parcourir de vastes zones sauvages en terrain souvent difficile, sous de conditions météorologiques variées, et fréquemment chasser, pêcher et récolter des fruits et autres aliments à même la nature pour obtenir une alimentation suffisante. 

Pour y parvenir, les équipes de terrain ont souvent dû voyager de façon rapide et légère, en ne prenant avec eux que l’essentiel pour leur travail et un minimum de confort. Tyrrell développa ces compétences sous la tutelle de G.M. Dawson, un géologue de terrain compétent et à l’endurance légendaire. 

Tyrrell s’épris de la vie de géologue de terrain, endurant les épreuves et en appréciant le romantisme. Dans une lettre à son père, Il écrivit : « vous ne devez pas penser que j’endure des privations. Je ne suis sous mes couvertures que cinq minutes avant que je ne m’endorme et il y a un charme à ce style de vie qu’un jeune homme ne trouve nulle part ailleurs ».

Durant la période où Tyrrell œuvra, il n’y avait souvent aucunes cartes topographiques existantes sur lesquelles compiler les observations géologiques, de sorte que les équipes sur le terrain devaient produire leur propre carte au fur et à mesure qu’ils progressaient. C’était un processus long et ardu. Par conséquent, mis à part les outils de terrain typiques d’un géologue, composé d’un marteau et d’acide hydrochlorique, Tyrrell devait aussi transporter des instruments d’arpentage, qui à cette époque « consistaient en une boussole prismatique, un odomètre à fixer aux roues du chariot, un ruban à mesurer, une montre, un anéroïde, un sextant et un horizon artificiel ».

Pour transporter tout cet attirail, en plus des échantillons géologiques, de l’équipement de camping et des fournitures de base, Tyrrell utilisa souvent un wagon tiré par un cheval, ou parfois un canoë. Au fur et à mesure que sa carrière progressait, Tyrrell fit de plus en plus confiance aux canoës pour entreprendre des explorations rapides et légères, le long des voies navigables, dans les régions éloignées du Nord canadien.  

L’Interprétation  

Compte tenu de la nature exploratoire de ses travaux, et de la difficulté à voyager à travers les prairies et les régions boisées, les cartes et descriptions géologiques faites par Tyrrell (Tyrrell, 1887a, 1887b) sont remarquablement précises, même s’il y manque parfois quelques détails. Cependant, il ne partait pas complètement de zéro, car G.M. Dawson et R.G. McConnell avaient largement décrit la stratigraphie du Crétacé Supérieur du sud de l’Alberta.

Tyrrell a donc pu étudier ces différentes formations rocheuses et bénéficier de l’enseignement et des connaissances de Dawson, avec qui il avait passé l’été précédent. Tyrrell profita également des descriptions géologiques et géographiques qui furent faites par James Hector, de l’expédition Palliser (1857-1860).

Il utilisa la carte de l’expédition Palliser comme carte de base, ainsi les principales caractéristiques de la région ne lui furent pas entièrement inconnues. Tyrrell fut souvent crédité, à tort, pour la découverte des lits de charbon de la région de Drumheller, alors que c’est J. Hector qui avait le premier signalé la présence de veines de lignite (charbon) brûlant dans la région de Drumheller quelques 25 années plus tôt.

À maints égards, la carte géologique produite par Tyrrell est correcte. Il y a, toutefois, certaines erreurs importantes dans le quadrant nord-est, en particulier dans la répartition des Séries (classification chronostratigraphique) d’Edmonton, de Pierre (Bearpaw), et des couches de la Série de Belly River. Tyrrell a classé toutes les roches de la Série de Belly River, qui affleurent le long de la Rivière Saskatchewan Nord, dans le Série d’Edmonton, une erreur raisonnable, mais indéniable.

Il concéda que l’interprétation choisie ait pu être incorrectes, et notdans son rapport : « il n’est pas du tout improbable que la découverte de fossiles puisse, à tout moment, prouver que la ligne à la base de la Série d’Edmonton ait été dessiné trop bas… ».

En d’autres termes, Tyrrell a soupçonné, sur la base de leur caractère, que les roches qui affleurent le long de la rivière Saskatchewan Nord, entre Edmonton et Victoria, étaient en fait ceux de la Série de Belly River.  Mais parce que les shales en aval de Victoria avaient été identifiés comme ceux de la Série de Pierre (Bearpaw) et que les pendages dans la région étaient essentiellement horizontaux, il fut contraint de placer ces couches dans le Série d’Edmonton.

La source ultime de l’erreur de Tyrrell remonte à l’une des rares erreurs faites par G. M. Dawson, qui fut par la suite connu comme « le problème du Belly River ». Parce que Dawson n’a su reconnaitre la présence des shales marins de la Formation de Pakowki, entre les lits marins marginaux du Groupe de Belly River et les lits non-marins de la Formation de Milk River, il avait regroupé toutes ces unités dans sa Série de Belly River.

Pour expliquer la section manquante de la Série de Belly River le long de la rivière Saskatchewan Nord, Tyrrell dût regarder vers le Sud. Dans la partie Est de la carte, il avait cartographié les roches de la Série de Belly River le long de la rivière Battle River et Ribstone Creek. Mais le pendage des couches étant essentiellement horizontal le long de la rivière Saskatchewan Nord, Tyrrell dessina donc un plissement de sorte que la Série de Belly River n’affleure pas si loin vers le Nord. 

Cet anticlinal fictif influencera plus tard les géologues travaillant en Alberta, jusqu’à ce que Allan (1918) eu correctement démêlé la stratigraphie, et déterminé que la structure le long de la rivière Saskatchewan Nord était un monoclinal, et non pas un anticlinal.  

 

Bibliographie et Lectures Suggérées 

Allan, J.A. 1918. Sections along North Saskatchewan River and Red Deer and South Saskatchewan rivers, between the third and fifth meridians. In: Summary Report of the Geological Survey of Canada 1917, Part C, pp. 9-13.  

Inglis, A. 1978. Northern Vagabond: the life and career of J.B. Tyrrell. McClelland and Stewart Limited, Toronto, Ontario, 256 p.  

Martyn, K. 1993. J.B. Tyrrell: Explorer and Adventurer. University of Toronto, Governing Council, University of Toronto Library, Toronto, Ontario, 72 p.  

Russell, L.S. 1988. The First Fossil Hunters. Alberta: Studies in the Arts and Sciences, v. 1, pp. 11-16.  

Spalding, D.A.E. 1988. The early history of dinosaur discovery in Alberta and Canada. Alberta: Studies in the Arts and Sciences, v. 1, pp. 17-26.  

Tyrrell, J.B. 1887a. Geological map of part of northern Alberta and portions of the Districts of Assiniboia and Saskatchewan, North West Territory. Geological Survey of Canada, Map 249, scale 1:506 880.  

Tyrrell, J.B. 1887b. Report on a part of northern Alberta and portions and districts of Assiniboia and Saskatchewan, embracing the country lying south of the North Saskatchewan River and north of lat. 51°. 6’, between long. 110° and 115° 15’ west. Geological Survey of Canada Summary Report for the year 1886, 176 p.   

LA GÉOLOGUE