Project Description

Le Géologue

L’archipel de l’Arctique Canadien s’étend sur une surface de 1.3 million de kilomètres carrés, incluant les 5ème, 8ème et 10ème plus grandes îles de la planète. C’est un paysage suprême, géologiquement complexe mais si gratifiant pour y mener des travaux géologiques de terrain, et pour le Dr. Raymond Thornsteinsson, ce fût le focus de sa carrière de 62 ans à la Commission Géologique du Canada (CGC).

L’héritage de Thornsteinsson, le résultat de 39 ans de travaux de terrain dans l’Extrême-Arctique, consista de cartes et rapports géologiques qui couvrirent 60% de ce territoire, et la base de la compréhension de la géologie de l’Archipel, avec ses critères stratigraphiques et structuraux. Ray a été surnommé le dernier explorateur canadien vivant, et est certainement le cartographe de socle rocheux le plus prolifique du Canada à ce jour.

Ray est né en 1921 à Saskatoon, en Saskatchewan, d’une famille de fermiers d’ancêtres Islandais-Canadiens et Ecossais-Anglais. Ses grands-parents Islandais ont émigrés au Canada autour du début du 20ème siècle et se sont établis près de Wymard, en Saskatchewan, avec une vue sur le lac Big Quill. C’est là que Ray a passé son enfance, et avec les nombreuses tâches de la ferme, il a rapidement appris la valeur de ses efforts au travail. Sa capacité à travailler l’a rendu légendaire. La vie sur la ferme lui a donné le goût pour la nature et le ciel des prairies pendant la nuit, l’a amenéà s’interesser à l’astronomie.

Au début des années 1940, Ray est allé à l’Université de Saskatchewan d’où il a gradué avec un BA en géologie en 1944. Etant un étudiant talentueux, il était destiné aux études supérieures. A l’université, il s’est aussi fait remarquer pour son talent de boxeur amateur. Son tempérament modéré contrastait avec sa tenacité et endurance remarquables, qui lui ont été très utiles pour les travaux ardus de terrain dans l’Arctique et son destin par le fait-même.

Il a complété une MA en paléontologie à l’Université de Toronto et travailla pendant les étés avec des équipes de terrain de la Commission Géologique du Canada. En 1949, il débute ses études de doctorat à l’Université du Kansas avec le stratigraphe-paléontologue de renom R.C. Moore.

A la fin des années 1940, la guerre froide était maintenant une réalite et les inquiétudes sur les ambitions militaires de l’Union Soviétique dans le Grand Nord ont déclenché une réplique de la part du Canada et des Etats-Unis d’Amérique. Des bases météorologiques avec des pistes d’atterrissage furent construites sur cinq sites à travers l’Extrême-Arctique, incluant Resolute Bay sur l’Ile de Corwallis. La CGC décida de se servir de ses nouvelles installations pour débuter un programme de cartographie systématique dans une région du pays autrefois inaccessible.

travail sur le terrain géologique:

Nunavut map thumbnail

cliquez sur la carte pour voir certains des travaux sur le terrain géologique de Thorsteinsson

En 1950, Ray fût invité à se joindre à une équipe de terrain de 3 personnes, sous la charge du Dr. Ives Fortier, pour y mener une cartographie de reconnaissance des côtes des îles de Cornwallis et Little Cornwallis, avec l’aide d’un canot muni d’un moteur de 5 hp. Le contournement de la grande île fût complété avec succès (~450 km), servant de base aux travaux de doctorat de Ray, nécessitant trois autres étés d’études indépendantes de terrain. En 1952, Ray s’est joint au personnel permanent de la CGC, et reçu son doctorat en 1955.

La même année, Dr. Thornsteinsson participa à l’Opération Franklin, un programme ambitieux de cartographie régionale par la Commission, avec l’assistance d’un hélicoptère, qui couvra la partie centrale des Iles de la Reine Elizabeth et la partie septentrionale de l’Ile de Somerset (environ 260,000 km2).

Pendant les années suivantes, le support logistique et transport pour le travail de terrain de Ray se faisait par traîneau à chiens, canot, et ensuite par un ballon tiré par un avion Super-Piper Cub, et éventuellement par des avions bi-moteurs et hélicoptère turbo-jet. La plupart du temps, le travail de terrain de Ray se faisait avec des traverses à pied, ou mesurant d’épaisses sections stratigraphiques, parcourant régulièrement de grandes distances, souvent seul.

En 1960, Ray et son bon ami et collègue de la CGC Tim Tozer avaient amassé suffisamment de données structurales et stratigraphiques pour définir pour la première fois le Bassin de Sverdup, qui s’étalait le long des îles nordiques de l’Archipel et contenait au moins 13 km de couches du Paléozoique Supérieur et Mésozoique. Ce basin jusqu’alors méconnu devint la cible d’acquisition sismique importante et de forages (surtout pour du gas). Ce sont les travaux de Tozer et Thornsteinsson qui ont été à l’origine de cette période extraordinaire d’exploration.

Au moment de sa retraite officielle de la Commission en 1992, quand il eut complété sa dernière saison de terrain, Ray Thornsteinsson avait participé à la cartographie géologique en entier ou en partie de chaque île de l’Archipel Arctique, à l’exception de Baffin, Bathurst et Ellef Ringes, une surperficie phénoménale de 759,422 km2. Dans la majorité des cas, Ray était le principal (souvent le seul) auteur des cartes complétées. De même, lui et les collègues de la Commission avec qui il avait collaboré, avaient synthetisé le fondement stratigraphique et tectonique pour une majeur partie du territoire canadien.

L’expertise de Ray allait bien au-delà de la cartographie des roches et de la stratigraphie. Il etait aussi reconnu internationallement comme un spécialiste hors-pair des graptolites, fusulinides et poissons ostracodermes. Dr. Thornsteinsson continua ses études de paléo-taxonomie pendant sa retraite et comme chercheur émérite, étant dans son bureau de la Commission pendant de longues heures, généralement six jours par semaine, jusqu’à quleques mois avant son décès à l’âge de 91 ans en 2012. Sa passion pour la science qu’il avait choisi n’avait jamais cessé de jaillir. Ses efforts valeureux et extraordinaires furent amplement reconnus et honorés.

Ray reçu la plus haute distinction pour son accomplissement scientifique de l’Association Géologique du Canada, la Société Canadienne des Géologues du Pétrole, et la Société Royale Canadienne de Géographie. Il reçu la Médaille d’Or de la Société Royale Géographique (Grande-Bretagne), et fût élu membre honoraire (Fellow) de la Société Royale du Canada, et on lui décerna la Médaille Willet G. Miller. En 1989, il a été reçu Officier de l’Ordre du Canada.